Première victoire aérienne.
Même si l’on sait peu de choses concernant les premiers combats dans les airs, faute de témoignages. La première victoire aérienne fut française.
C’est au cours d’une mission de reconnaissance et de bombardement sur le fort de Brimont (dans la Marne) que le 5 octobre 1914, deux aviateurs français vont rencontrer l’équipage d’un Aviatik allemand dont l’attitude vas révolutionner l’histoire de la guerre aérienne.
En septembre 1914 l’avion commence à prouver son efficacité comme instrument de reconnaissance.
La bataille de marne fut le premier affrontement de l’histoire ou l’observation aérienne fournit a l’état major français des renseignements, qui lui permirent d’organiser la manœuvre aboutissant a la victoire de cette bataille, en signalant jours après jours les changements de direction de la première armée allemande au portes de paris.Déjà le 30 août 1914 avait décollé depuis le terrain de st Quentin un RUMPLER TAUBE chargé d’une dizaine de 5 petites bombes, piloté par le lieutenant VON HIDDESSEN, avec pour objectif, le bombardement de paris.
Ce premier raid aérien sur la capitale française qui fera deux victimes sur le quai de VALMY peut paraître inssignifiant, mais l’impact sur le public est énorme. Des le lendemain la presse allemande s’en fait écho et encense ce qu’elle considère comme un exploit.
Le bombardement français s’organise également. Une de ces escadrille, la V 24, équipée de VOISIN LAS type III, vas entrer dans l’histoire grâce a l'un de ses équipage.

Ce petit bombardier est un biplan biplace a moteur propulsif, dont l’équipage est installé en tandem. Surnommés « cages a poules » par les fantassins, les VOISINS sont des appareils solides et surs mais un peu lents pour l’époque.
Dans la matinée du 5 octobre 1914, le VOISIN numéro 89 piloté par le lieutenant Joseph FRANTZ et le mécanicien observateur QUENAULT, décolle du terrain de LHERY (Marne).FRANTZ, titulaire de la médaille militaire depuis le mois de septembre et QUENAULT ont déjà effectues bon nombre de mission ensemble et commencent a former un tandem efficace.
Leur mission est une opération classique de bombardement et de reconnaissance au dessus des lignes allemandes, ils ont emportés pour cette mission six obus modifiés de 90 mm fixés sur les flancs du fuselage de leur appareil et une toute nouvelle innovation, un fusil mitrailleur HOTCHKISS d’infanterie modifié par l’ingénieur Gabriel Voisin.


Conformément a ses ordres principaux, arrivé au dessus du fort de Brimont, QUENAULT commence a lancer ses bombes a la main dans le vide au jugé a la verticale des troupes allemandes signalées les aviateurs suivent la trajectoire de leur bombes un moment puis font demi tour et change de cap vers le chemin des dames, vers l’ouest.
Tout a coup FRANTZ le pilote remarque une légère traînée dans ses 9 heures bas (a sa gauche plus bas d’un KM), il prévient QUENAULT après avoir vérifié qu’il s’agissait bien d’un avion allemand volant dans le sens inverse.

Charles NUNGESSER sur le même type d'appareil.
L’AVIATIK (probablement un B.I), avion d’observation allemand fait route vers ses lignes après avoir survolé les positions françaises, les deux pilotes français le savent, rapidement ils prennent la décision d’intercepter l’intrus.

FRANTZ lance alors le moteur de son appareil a plein régime et pique pour gagner encore de la vitesse sur l’avion ennemi .cette manœuvre lui permet sans difficultés de placer son avion dans le sillage de l’AVIATIK l’allemand ne l’aperçois que lorsqu’il ne se trouve plus qu’a une centaine de mètres derrière lui. ( à cette époque sur l’aviatik ,pilote et observateur se trouvent tous deux placés tête vers l’avant.).
Le pilote allemand ,le sergent WILHELM SCHICHTING, rentre dans un virage serré sur la gauche pour semer le VOISIN qui n’est maintenant plus qu’a une cinquantaine de mètres,se faisant l’allemand retourne sans s’en rendre compte vers les lignes françaises.
A ce moment QUENAULT engage un premier chargeur dans l’HOTCHKISS et épaule son arme, avec calme et détermination il ajuste son arme bien décidé a attendre le bon moment pour tirer avec le plus de précision possible, de son cote l’observateur de l’AVIATIK ayant compris les intentions des français vide le chargeur de sa carabine automatique sur le VOISIN. FRANTZ évite le tir de l’allemand en effectuant des manoeuvres de glissade tout en se rapprochant a moins de 20 mètres de son ennemi, c’est alors que QUENAULT ouvre alors le feu et tire deux brèves rafales qui vide son chargeur, il réarme et reprend le tir mais cette foi au coup par coup, l’AVIATIK continue d’esquiver en effectuant des virages de plus en plus serrés ,mais QUENAULT tire a chaque fois qu’il est en bonne position, ce ballet mortel auquel ce livre les deux avions finit par attirer les soldat français.
Ils suivent ce combat comme un duel de chevaliers du moyen âge .Brusquement, arrive ce que QUENAULT redoute le plus, après le tir de la 46ème cartouche, son arme s’enraille, fou de rage, il se lève au mépris du danger et entreprend de démonter la culasse de l’HOTCHKISS, le combat semble sans issue lorsque l’impossible se produit, l’AVIATIK se dresse subitement vers le ciel. FRANTZ évite la collision de peu,l’avion Allemand, après être resté un moment immobile en équilibre dans le ciel, bascule sur le dos et pique vers le sol .Il s’écrase dans un marais, à 15 Km de REIMS, près du cantonnement de la 5ème Armée Française commandée par le Général FRANCHET D’ESPEREY, et de nombreux soldats français accourent pour contempler l’AVIATIK détruit ,FRANTZ pose son avion près de sa victime qui brûle à présent, c’est à ce moment qu’arrive le Général FRANCHET D’ESPEREY qui a assisté aux dernières phases du combat et félicite les deux aviateurs français : « Bravo mes enfants ! Au nom de la France, je vous félicite, vous aurez tout deux la Médaille Militaire.
- Je l’ai déjà, répond FRANTZ.
- Alors pour vous, ce sera la Légion d’Honneur. »
Puis le Général FRANCHET D’ESPEREY ordonne d’enterrer les corps des deux aviateurs allemands avec les honneurs militaires.
Le retour de FRANTZ et QUENAULT avec 1 heure de retard sur le terrain de LHERY , est marqué par le soulagement , pas par la joie, car personne n’a la moindre idée de l’exploit réalisé par les deux hommes.
FRANTZ annonce lui-même la grande nouvelle à son chef, le capitaine FAURE :
« ça y est mon capitaine, nous l’avons notre avion et il tombé dans les lignes françaises. »
Les deux aviateurs français sont décorés le 11 octobre 1914 sur le terrain de LHERY, lors d’une prise d’armes devant l’escadrille V 24.
Cette action bouleverse l’histoire de l’aviation militaire, car pour la première fois un appareil à attaqué et en a détruit un autre.
Le 5 octobre 1914, l’avion est définitivement devenu une arme de guerre à part entière, dont l’évolution va rapidement aboutir au chasseur à partir de l’année 1915.
Extrais du compte rendu du sous lieutenant marcel JOBIT
5 octobre 1914 – MUIZON (près de REIMS)
Matinée mémorable.
Vers 9 H 30, un biplan allemand avait, à des passages différents, jeté deux bombes inoffensives sur nos cantonnements.
Un biplan, que je pris pour un CAUDRON, mais qui était un VOISIN muni d’une mitrailleuse, apparut à une grande distance de l’allemand, mais se dirigeant sur lui. Les deux appareils etaient à environ 600 m. La poursuite qui dura dix minutes fut passionnante.
L’allemand se voyant chassé baissa en A après avoir viré. On entendait la mitrailleuse française tirer tantôt par coups isolés, tantôt par feu roulant.
L’allemand paraissait gagner de vitesse et être intact quand en B il vira. Son virage lui sembla lui donner de l’avance mais, peu après, il piqua un peu audacieusement du nez et le feu apparut à bord. Il tomba alors en chute assez voisine de la verticale.
Je sautai sur une bicyclette pour arriver au point de chute, en pleins arbres, immédiatement au sud d’un étang, qui avait, sans doute, attiré les aviateurs. L’appareil français suivant sa victime atterrit dans un pré, au sud, et son équipe courut à pied, laissant l’appareil.
Ils constatèrent la mort des allemands, l’un grillant sous l’appareil, l’autre qui put être retiré et qui était blessé de balles à la poitrine et brûlé partiellement.
Les aviateurs français sont FRANTZ, sergent aviateur, et QUENAULT qui manoeuvrait la mitrailleuse. Il inscrivirent leurs signatures sur le carnet de notre vétérinaire GLORO, accourut dans les premiers.
On dégage un peu l’appareil allemand quand l’essence a fini de brûler. Je puis reconnaître un fuselage en bois, un radiateur à eau, de gros réservoirs d’essence, un appareil bizarre composé d’une série de cubes refendus enfilés à la queue- leu - leu, sur deux tiges.
Je prends un tendeur comme souvenir. Un moment après, une explosion ramène l’incendie et fait voler les cendres. Apparaît alors le corps du pilote, avec son masque en caoutchouc, complètement carbonisé des pieds, le haut et la tête ayant encore forme.
Vers 11 H, passent dans les airs, au dessus de nous, deux FARMAN et un autre biplan attirés la nouvelle de l’exploit d’un des leurs. Et, sans doute, c’est la vraie méthode contre les aviateurs allemands.
« C’était le 5 octobre 14. J’étais sergent à l’escadrille V 24 et j’avais Louis Quénault comme mécanicien. On était sur un biplan Voisin et on allait vers Reims. Pour la première fois, on nous avait monté une mitrailleuse Hotchkiss, dont Quénault était chargé. Jusque là, quand on croisait un boche, on s’approchait le plus près possible et on se tirait dessus à la carabine. Ce jour là, peu après Chalons, en voilà un, de boche. Il se présente avec sa carabine, et Quénault se met à tirer… tac…tac…tac… L’autre, il n’avait jamais vu ça et il n’a jamais eu l’occasion de le revoir. Le pilote touché, l’avion est tombé. Voilà. Bon, maintenant je me sauve ! »
Extrait du chapitre consacré à Robert Granseigne par Roger Biot dans l’ouvrage
« Fameux Normands, Normands fameux »