Histoire & Aviation 1914/1918  
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BALLONS D'OBSERVATION.

L'utilisation de ballons captifs comme moyen d'observation remonte à la Révolution française, plus précisément à la bataille de Fleurus en 1794.

Napoléon eut recours à eux lors de certaines de ses campagnes.

Aux États-Unis, des essais eurent lieu dès 1784. En 1863, c'est encore aux États-Unis que le comte Von Zeppelin, alors dans sa prime jeunesse, effectua son premier vol.


A la même époque, des essais effectués en Allemagne débouchaient sur l'apparition du Drachen, qui tenait à la fois du ballon et du cerf-volant.

Les Britanniques s'en équipèrent, en même temps qu'ils découvraient les graves défauts du ballon sphérique.

 


Sur le front de Lorraine, le capitaine Saconney attaché à la place forte d’Epinal, utilise des trains de cerfs-volants, sa compagnie est transformée en compagnie d’aérostiers de campagne.
Ces trains de cerfs-volants, quatre ou cinq, sont étagés de 300 à 1100 mètres d’altitude, un homme est ensuite hissé dans une nacelle le long du câble grâce à trois autres cerfs-volants.
L’observation photographique est rendue très difficile et même assez souvent impossible par le vent faisant osciller la nacelle de façon aléatoire.
De plus l’observateur doit avoir « le cœur bien accroché », ce mode opératoire est très vite abandonné.En 1914, à la déclaration de guerre, les français sont obligés de recréer les compagnies de ballons de campagne supprimées en 1913 !
Le matériel est périmé mais se révèleplus qu'utile lors des premiers mois de la guerre, qui pour cette courte période est encore une guerre de mouvement.
Plusieurs compagnies sont mises sur pied, elles comptent une dizaine d’officiers et sous - officiers et environ 150 hommes de troupe.En France, où l'on avait cru devoir renoncer aux ballons militaires en 1912, l'idée refit surface.

C'est un officier français, qui allait par la suite accéder à de très hautes fonctions, Albert Caquot, qui mit au point la meilleure formule, inspirée des réalisations allemandes :

celle du ballon doté de trois surfaces de stabilisation lui permettant de tenir l'air par des vents atteignant 100 km/h etant la version la plus aboutie.

Les français copient donc le « Drachen » allemand et sortent en Janvier 1915 le ballon H surnommé (saucisse),prononcer "zauzisse".

ce ballon n’est pas une réussite, à l’Automne de la même année apparaît le type L plus efficace.

 

C’est pendant la bataille d’Artois en Mai 1915 que les ballons captifs opèrent en groupe important, de même en Champagne en Septembre suivant.L’instruction du personnel est amélioré et les effectifs augmentent, le nombre de compagnies d’aérostiers atteint soixante quinze en Mars 1916.
La sélection des observateurs est encore plus rigoureuse car leurs missions sont primordiales pour la guerre de position qu’est devenue la Grande Guerre :
-Réglage d’artillerie
-Repérage des batteries d’artillerie adverses
-Détection de tout changement ou mouvement chez l’ennemi qui peuvent accréditer la préparation d’une attaque.

 


Les treuils permettant l’élévation et le retour au sol des ballons sont eux aussi perfectionnés et deviennent plus puissants.

Des ballons d'observation furent utilisés à partir des types les plus divers de véhicules à moteur. En France, on utilisa le moteur Delahaye de60 ch, entraînant un treuil Saconney, puis, à partir de 1917, un de Dion Bouton de 70 ch et un treuil conçu par Caquot lui-même. Le ballon pouvait ainsi regagner le sol à la vitesse de 6 m/s.



En 1916 les français mettent au point le type M très supérieurs au « Drachen ».
Mais l’avance technique qu’il procure est réduit à néant quand un de ce modèle, mis en œuvre par les anglais dans la Somme, casse son câble dans des circonstances inconnues, les allemands le récupérant et le copiant sous le nom de « ballon anglais » !


A partir de Juillet 1916, ces types M entrent en service en grand nombre pendant l’offensive britannique de la Somme où les aviations alliées possèdent la maîtrise de l’air.
Ils sont espacés de 700 à 800 mètres, et cette concentration, impressionne les allemands, accroît l’efficacité de l’artillerie d’autant plus que les ballons disposent d’émetteurs T.S.F.
Ces émetteurs peuvent émettre jusqu’à 100 km.

Pendant la bataille du Chemin des Dames en Avril 1917, les ballons d’observation contrairement à l’aviation et malgré un temps exécrable, fournissent des renseignements assez fiables et parviennent à régler le tir de l’artillerie mais l’échec est au rendez-vous pour les armées françaises, échec qui paralyse pour un temps nos armées par des refus d’obéissance, les hommes ne voulant plus mourir à cause d’offensives inutiles et mal préparées.
Après trois ans de guerre le personnel aérostier est parfaitement rôdé dans les manœuvres et le matériel s’améliore encore, Ballon R à deux nacelles, treuil à deux moteurs, central téléphonique à plusieurs dizaines de direction, postes écouteurs de T.S.F.

Les renseignements recueillis sont transmis rapidement grâce au système de liaison qu’est devenue très performant avec la multiplication des postes de T.S.F.et la densité grandissante du réseau téléphonique.

Au printemps 1918 avec la reprise de la guerre de mouvement, offensives allemandes puis contre-offensives alliées, les compagnies de ballons parviennent à accompagner les troupes malgré un transport difficile du aux routes défoncées par les combats et le passage des convois.

Les ballons captifs sont aussi efficaces dans la Marine.
Ils coopèrent avec les dragueurs de mines pour repérer les mines mouillées le long des côtes et à proximité des ports par les sous-marins allemands

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Ils assistent pareillement les escorteurs de convois pour repérer ces mêmes sous-marins.
Au printemps 1917, les ballons Caquot type P, une version spéciale marine fait son apparition.
Ces ballons supportent des vents de 35 mètres par seconde (plus de 200 km/h).
Leur surveillance du littoral de la France et d’Afrique du Nord, leur protection des convois en collaboration avec les unités d’hydravions permet au trafic maritime de l’Entente, vital pour l’effort de guerre, de naviguer avec le maximum de protection.
Quatre types de ballons Caquot furent utilisés : le plus petit était le Type P, bientôt suivi du Type P2 et du M2, enfin le Type R.

Les trois premiers modèles pouvaient emporter deux hommes, et le dernier, trois. Les Types P et P2 furent employés par l'armée française, ainsi que par la Marine, à bord de petits navires. Quant au Type R, qui pouvait être mis en oeuvre à partir de gros bâtiments, il atteignait l'altitude de   1000 m, soit sensiblement le double du plafond du Type M2, plus petit. Cinq mois avant la fin de la Première Guerre Mondiale, la Marine française disposait de quelque 200 ballons, tandis que vingt-quatre navires seulement pouvaient en être équipés.


Les pays alliés de la France ne tardèrent guère à adopter les ballons Caquot, qui pouvaient être employés par des vents de force 9. Les observateurs n'étaient équipés que de jumelles et d'un téléphone de campagne. Dès lors, les ballons devinrent la cible favorite de l'aviation ennemie. Leurs équipages disposaient de parachutes, attachés à l'extérieur de la nacelle. Leur ouverture était commandée par un câble fixé à celle-ci.

En Décembre 1915, les observateurs sont dotés de parachutes, ce sont les premiers membres de la nouvelle arme aérienne à posséder ce moyen de sauvetage.
Bien évidemment ils apprécient ce matériel mais les conditions d’utilisation sont traumatisantes pour certains avec l’appréhension du saut dans le vide, l’ arrivé sur un sol bouleversé par les combats, la peur d’être pris dans le brasier du ballon ou de devenir une cible, ils ne peuvent reprendre leurs postes.


Ils apprenaient également à accrocher le fil de leur téléphone de campagne à un trapèze, de manière que celui-ci ne risque pas de mettre en torche le parachute d'un observateur contraint par la chasse ennemie à évacuer la nacelle de son ballon. Les Caquot remplacèrent peu à peu les Drachen, sur lesquels la ligne téléphonique était directement attachée au câble principal.



Le front s'étendant sur des centaines de kilomètres, il fallut recruter de nombreux équipages. L'armée britannique créa plusieurs entrepôts et centres d'entraînement tels que ceux de Larkhill, Lydd et Roehampton, et utilisa même des terrains de cricket. C'est là, ainsi que dans les écoles d'artillerie formant également des observateurs, que les hommes se familiarisaient avec diverses techniques, celles notamment qui permettaient de ne pas perdre de vue, à la jumelle, un objectif au sol, même lorsque la nacelle était agitée par un fort vent.
On imagine aisément combien pouvait être rude la tâche des équipages. Les observateurs étaient exposés aux rigueurs du froid et des intempéries, mais surtout ils avaient à redouter les attaques de la chasse adverse. En dépit de mesures énergiques visant à protéger, autant que possible, les ballons, dans chaque camp des hommes se firent bientôt les spécialistes de leur destruction. Ce furent notamment le Belge Willy Coppens et l'Allemand Heinrich Gontermann. L'ascension elle-même et la descente réservaient bien des surprises à ceux qui tentaient l'aventure. Une histoire demeurée célèbre est celle de cet officier qui, de retour sur terre après un bref vol, bégaya et resta sourd pendant cinq minutes. Certaines unités d'aérostiers mirent au point leurs propres techniques en vue de parer aux inconvénients de descentes trop rapides. Au sein de la 2e escadre britannique, l'usage voulut que l'on observât une pause au cours de la descente, même dans le cas où le ballon subissait une attaque de l'aviation ennemie! Ces règles ne convenaient pas toujours à tous les passagers, notamment aux officiers supérieurs qui s'enhardissaient à embarquer dans la nacelle afin observer du ciel le terrain qu'ils espéraient conquérir.


 

Les Allemands effectuaient en général leurs missions d'observation en début de matinée, tandis que Britanniques et Français préférés l'après-midi